Comment bien choisir l’alimentation de son animal : déchiffrer la composition, éviter les pièges du marketing

Aujourd’hui choisir l’alimentation de son animal dans le commerce, il faut bien l’avouer, c’est un véritable casse-tête. Le marché du petfood est tellement porteur que les marques se sont multipliées au cours des dernières années, et les arguments pour en faire la promotion également. Devant un tel choix, une telle diversité d’allégations et de prix, faire les courses pour son compagnon devient un jeu de hasard.

Tout propriétaire veut ce qu’il y a de mieux pour son animal, et si possible sans se ruiner. Alors comment faire le bon choix ? Croquettes ou pâtée « Premium », « naturelles », « ultra », à quoi correspondent ces qualificatifs et peut-on s’y fier ? Et au juste, qu’est-ce qu’un aliment de bonne qualité ?

Dans cet article, nous vous donnons quelques clés pour répondre à ces questions et éviter les pièges du marketing. Nous ne traitons ici que de l’alimentation du commerce ; un autre article abordera la question des rations ménagères et du BARF.

Qu’est-ce qu’un bon aliment ?

Un bon aliment doit tout d’abord combler les besoins énergétiques de votre animal, sans carence ni excès. La quantité d’énergie (calories) doit être suffisante pour lui permettre de courir, jouer, sauter, chasser et d’assurer toutes les fonctions nécessaires à son métabolisme, sans pour autant favoriser l’embonpoint voire l’obésité.

L’apport en protéines est également fondamental pour l’organisme car elles interviennent partout : dans les muscles dont le cœur, le pelage, la digestion, le système nerveux etc… L’animal trouve dans son alimentation un certain nombre d’acides aminés essentiels indispensables à sa santé. Citons par exemple la taurine chez le chat, dont une carence peut être responsable de maladie cardiaque. Un aliment idéal doit donc contenir des protéines de bonne qualité.

Pour avoir une peau saine et un pelage soyeux et brillant, l’aliment doit également contenir des acides gras comme les célèbres oméga 3, ainsi que des vitamines comme par exemple la vitamine B12 que l’on retrouve dans les levures de bière.

Les minéraux (magnésium, calcium, fer, phosphore…) sont également essentiels à l’organisme pour de nombreuses fonctions : fabrication des globules rouges, édification du squelette, etc… mais un apport déséquilibré pourrait être délétère et favoriser par exemple la formation de calculs urinaires.

De nombreux autres constituants peuvent être désirés dans un bon aliment comme les probiotiques pour le transit, les chondroïtines et glucosamines pour les articulations, les antioxydants pour le système immunitaire etc…

Enfin un aliment idéal doit être facile à digérer et doit combler la satiété de l’animal. C’est le rôle des fibres solubles et insolubles qui doivent elles aussi être présentes en quantité adaptée.

La définition d’un aliment de bonne qualité est donc complexe et repose sur un équilibre difficile à obtenir. Voyons maintenant comment distinguer le bon du mauvais sur les étiquettes de nos aliments du commerce.

Lecture des étiquettes

La description d’un aliment comprend deux volets : la composition analytique et la liste des ingrédients. Commençons par cette dernière.

Tout d’abord, il faut savoir que les fabricants ont obligation d’énumérer leurs ingrédients par ordre décroissant en termes de proportions. Cela signifie que les premiers ingrédients listés constituent la majorité de l’aliment. Il vaut mieux qu’ils soient donc de la meilleure qualité possible. Lire comme premier ingrédient une céréale n’est pas souhaitable car les céréales apportent principalement des glucides, certes peu chers pour le fabricant, mais aussi peu intéressants sur le plan nutritionnel. Il est préférable que l’aliment soit majoritairement constitué de viande car nos compagnons sont, rappelons-le, des carnivores.

Pour la viande également certaines formulations sont à éviter : les farines animales, nouvellement appelées protéines animales transformées, sont constituées de tous les déchets d’une carcasse (pied, tête, peau, plumes, os…) que certains fabricants cherchent à rentabiliser pour leur prix peu élevé. Elles ont été, rappelons-le, interdites pendant près de quinze ans suite à la découverte de la maladie de Creutzfeltd-Jakob. En revanche des protéines dites « déshydratées » ont simplement été cuites à basse température selon des normes officielles pour ne pas altérer leur qualité nutritionnelle mais réduire leur taux d’humidité.

La lecture des ingrédients peut donc donner assez rapidement une bonne idée sur la qualité de l’aliment.

Le second volet d’une étiquette est la composition analytique, c’est-à-dire le pourcentage de protéines, lipides, minéraux, vitamines etc… Leur analyse peut être très complexe, d’autant plus que certains paramètres, comme l’énergie métabolisable, ne sont souvent pas indiqués. Le taux de glucides par exemple, appelé aussi ENA (extractif non azoté), n’est jamais marqué car il se calcule par élimination de tout le reste.

Pour y voir plus clair, rapprochez-vous d’un spécialiste de la nutrition animale, à savoir votre vétérinaire. Il vous aidera à décrypter ces chiffres et à y voir plus clair.

Éviter les pièges du marketing

« L’alimentation de mon chien est premium, alors c’est forcément bon ».

« J’ai acheté des croquettes pour chat, c’est le top du top car elles coûtent plus cher que les autres ».

Voici des affirmations que l’on peut souvent entendre quand on est vétérinaire, mais voyons si l’on peut se fier à une appellation ou à un prix pour choisir son aliment.

Pour ce qui est des qualificatifs, la première chose à savoir, c’est qu’il n’y a aucune règlementation les concernant, donc aucun cahier des charges officiel à respecter pour pouvoir les écrire sur l’emballage. N’importe qui du jour au lendemain peut vendre un aliment pour chien ou chat en écrivant dessus « aliment ultra, mega, giga premium », ou « meilleur aliment au monde de toute l’histoire de l’univers » en toute légalité, sans lien avec la qualité du contenu.

Très à la mode en ce moment, les croquettes « naturelles » ou qui « respectent la nature de votre animal » fleurissent sur Internet, mais encore une fois ces appellations ne correspondent à aucun critère officiel et sont donc très subjectives.

Méfiez-vous également de l’aspect graphique de l’emballage. On peut parfois voir de superbes escalopes de poulet sur la devanture et pourtant lire « farines animales » dans la composition, ou encore des photos de framboises et myrtilles cueillies « dans les bois » mais présentes à hauteur de 0.0008% de l’aliment. Référez-vous toujours à la composition pour interpréter une image.

Que dire enfin de ces croquettes multicolores, rouges, vertes ou bleues, qui sont sans doute très jolies à voir mais qui n’apportent rien à l’animal hormis des colorants chimiques. Votre chat ou votre chien, lui, ne fera que peu de cas de la couleur de ce qu’il mange.

Bref, le marketing, c’est très beau, mais si vous désirez un aliment de bonne qualité pour votre compagnon, ne vous attardez pas sur l’aspect de l’emballage ou les termes alléchants.

Reste la question épineuse du prix. La forte concurrence dans le milieu fait que la marge est souvent relativement basse. Si le prix est faible, soit le fabricant vend à perte, ce qui est peu probable, soit le coût des matières premières est faible, synonyme de mauvaise qualité. Donc un aliment à bas prix, c’est nécessairement un aliment bas de gamme.

Le contraire, pour autant, n’est pas forcément vrai. Certains fabricants mènent des campagnes publicitaires tellement performantes, maîtrisent l’image de leurs produits si bien qu’ils se permettent alors de les vendre à prix d’or, sans pour autant que la qualité soit optimale. En quelque sorte, ils se servent du prix élevé comme d’un argument supplémentaire pour justifier de la supériorité de leur produit.

A qui donc se fier pour choisir l’aliment de son animal ?

Même si cet article apporte quelques clés pour mieux comprendre ce qu’on achète, le choix reste cornélien, d’autant plus que certaines informations ne sont pas visibles sur les étiquettes des aliments. Il est donc nécessaire à un moment ou à un autre de faire confiance à une marque, et pour établir cette confiance, l’une des solutions consiste à demander l’avis de votre entourage et sur le web. Gardez néanmoins à l’esprit que chaque animal est unique et possède son propre métabolisme. Ainsi un aliment qui convient au chien de Gégé44 ou au chat de Mme Dupont ne conviendra pas forcément au vôtre.

L’avis de votre vétérinaire et de son équipe est donc préférable. Tout d’abord, ils sont formés pour cela : par leur apprentissage, les vétérinaires possèdent les connaissances techniques et l’expérience qui leur permettent de vous conseiller l’aliment le plus adapté à votre animal, en fonction de sa race, son activité, son statut physiologique etc… Ils savent décrypter les étiquettes et effectuer les calculs pour vérifier l’équilibre d’un aliment. Ils peuvent également vérifier l’effet de l’alimentation sur la santé de votre compagnon en évaluant le transit, la qualité de la peau et du pelage, la note d’état corporel etc…

Mieux encore, leurs conseils sont gratuits.

Alors n’hésitez plus à pousser la porte d’une clinique vétérinaire et à poser vos questions, votre compagnon le mérite bien.


Bon appétit !

F.A.Q.

« La croquette est-elle préférable à la pâtée ? »

En termes de composition, quand on compare un aliment sec à un aliment humide, la réponse à cette question s’impose d’elle-même : il n’existe à ce jour aucune pâtée réellement haut de gamme. Une croquette de bonne qualité est donc à privilégier pour l’alimentation quotidienne de votre animal. Toutefois, les pâtées et sachets fraîcheurs ne sont pas diaboliques non plus et peuvent être distribués à titre de friandises et de récompense à votre compagnon, ou dans certains cas particuliers quand on cherche une meilleure hydratation de l’animal.

« Avec ou sans céréale ? »

Cette question fait largement débat de nos jours, si bien que de nombreuses rumeurs circulent à ce sujet. L’intolérance au gluten par exemple, telle qu’on la connaît chez l’Homme, est rarissime chez nos animaux domestiques. Les céréales, et par extension les glucides, sont bien souvent accusés de tous les maux, et parfois à tort. De nombreux fabricants ont sauté sur l’occasion pour mettre en avant leurs produits sans céréale en jetant de l’huile sur le feu. Il faut savoir cependant qu’établir des preuves concrètes et scientifiques sur la responsabilité des céréales dans l’apparition des problèmes de santé qu’on leur incombe est très difficile, si bien que nous manquons encore aujourd’hui de recul sur la question.

Pour faire court, un aliment de bonne qualité doit contenir en majorité de la viande car celle-ci est plus riche en acides aminés essentiels, minéraux et vitamines que les céréales. Pour autant la présence de céréales en quantité modérée dans l’aliment ne doit pas devenir un facteur rédhibitoire dans votre choix car les céréales peuvent constituer un apport énergétique préférable aux mauvaises graisse (sucres lents versus cholestérol).

Le mieux est encore une fois d’en discuter avec votre vétérinaire. Il saura vous prescrire ce qu’il y a de plus adapté à votre animal, c’est son métier.

« Les aliments « bio » sont-ils meilleurs ? »

Le terme « bio » correspond à un cahier des charges précis et officiel. C’est la garantie que les animaux dont provient la viande ont été élevés dans de bonnes conditions, sans antibiotiques, sans OGM etc… C’est aussi la garantie de l’absence de pesticides et d’un bon nombre de produits chimiques controversés. Toutes ces qualités sont effectivement souhaitables, mais attention, un produit « bio » ne sera pas forcément bien équilibré, ne contiendra pas forcément de probiotiques, d’oméga 3 ou de nutriments essentiels à la santé de votre animal. Le terme « bio » ne dispense donc pas de bien analyser la composition de l’aliment.

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