Les particularités de la reproduction chez la chienne
Chaque espèce de mammifère possède des caractéristiques uniques en matière de reproduction. Si vous ressentez l’envie de vous lancer dans la grande aventure qu’est l’élevage de chiens, même ponctuellement, il convient de connaître les grandes étapes de la gestation et de la mise-bas afin que tout se passe pour le mieux et que vous soyez aptes à anticiper d’éventuelles complications. Un seul mot d’ordre : anticipation !
Quelques rappels sur la cycle de la chienne et les chaleurs
La maturité sexuelle de la chienne survient entre 6 et 9 mois d’âge en moyenne, avec une disparité importante en fonction du gabarit : les petites races seront plus volontiers prêtes vers 5-6 mois d’âge tandis que les grands formats peuvent atteindre leur maturité sexuelle vers 1 an voire 1 an et demi ou plus. Dans tous les cas, il est conseillé d’attendre la fin de la croissance de l’animal avant d’envisager la reproduction, ce afin d’éviter des dystocies (c’est-à-dire des mise-bas anormales, pathologiques) qui seraient liées par exemple à un bassin trop petit pour permettre l’évacuation des chiots par voie naturelle.
Le cycle de la chienne est très différent de celui de la femme. On peut citer par exemple l’absence de ménopause, ce qui signifie qu’une chienne pourra théoriquement se reproduire tout au long de sa vie. Autre contraire : les pertes sanguines survenant pendant la période de chaleurs chez l’animal correspondent au moment où la chienne est féconde. En moyenne on observe deux périodes de chaleurs dans l’année, espacées d’environ 6-7 mois, mais d’un individu à l’autre ou même d’une année à l’autre, la durée entre deux périodes peut être très différente, jusqu’à parfois plus d’1 an. Cela dépend de nombreux critères comme la race, l’âge, l’état de santé, la lumière du jour etc…
Les chaleurs durent en moyenne 18-21 jours, avec là encore une grande variabilité. Elles se divisent en deux phases de durée vaguement égale : le pro-oestrus et l’oestrus. Le pro-oestrus est une phase de préparation durant laquelle les organes génitaux se développent et des pertes sanguines apparaissent. A ce moment cependant la belle refuse le mâle. Puis vient l’oestrus caractérisé par l’ovulation, période durant laquelle la chienne est féconde et prête à accepter les avances de ses prétendants. Hormis cette modification comportementale, il n’est pas possible de l’extérieur de distinguer ces deux phases. Seul un frottis vaginal suivi d’un dosage régulier du taux de progestérone sanguin réalisés chez votre vétérinaire permettent de dater l’ovulation et de cibler la période idéale de mise à la reproduction pour augmenter les chances de réussite et la prolificité de la portée.
L’accouplement et la gestation
La posture d’accouplement étant également une posture de dominance, il est recommandé de réaliser les présentations sur un territoire neutre que la chienne ne cherchera pas à défendre. Il vaut donc mieux que la femelle se déplace chez le mâle et non l’inverse, quand c’est possible.
Durant l’accouplement, les glandes bulbo-urétrales (particularités du chien) gonflent fortement, ce qui bloque le pénis à l’intérieur des voies génitales de la femelle. Il faut attendre quelques minutes pour que ces glandes dégonflent et que le mâle puisse se libérer. Durant cette période, en général, le chien parvient à se retourner en passant une patte arrière par dessus le dos de la chienne ce qui les fait se retrouver fesses contre fesses. Bien que la situation soit cocasse, il ne faut en aucun cas tenter de les séparer de force car cela risquerait de blesser sérieusement la femelle. De manière générale, la nature se débrouille très bien sans nous.
La chienne peut s’accoupler plusieurs jours de suite pour favoriser les chances de succès. La gestation dure ensuite 63 jours plus ou moins 1 jour par rapport à la fécondation, c’est-à-dire la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde. Cette fécondation a lieu entre 2 et 5 jours après l’ovulation, ce qui explique qu’il peut être difficile de dater précisément le moment de la mise-bas lorsqu’un suivi de chaleurs n’a pas été réalisé.
Il arrive parfois, lorsque la fécondation n’a pas lieux, qu’un corps jaune se développe sur l’ovaire de la chienne et sécrète des hormones similaires à celles de la gestation. La femelle développera alors des comportements maternelles envers un objet, doudou ou chaussure la plupart du temps, et verra également ses mamelles se développer et produire du lait. On parle de grossesse nerveuse ou de pseudo-gestation, termes un peu impropres puisqu’aucun embryon n’est présent dans l’utérus. Il est recommandé de consulter votre vétérinaire si de tels symptômes apparaissent alors que la chienne ne s’est pas accouplée. Des grossesses nerveuses répétées peuvent avoir des conséquences graves sur la santé de votre animal (infection utérine par exemple).
Un diagnostic échographique de gestation peut être réalisé environ 1 mois après la saillie. Cela permet de réaliser un premier comptage des petits et de vérifier que tout le monde va bien. Après 55 jours de gestation, une radiographie vient compléter le suivi de gestation pour vérifier la bonne minéralisation du squelette des fœtus, compter avec certitude leur nombre et mesurer leur taille. Ce suivi est particulièrement important pour évaluer d’éventuels risques de dystocie et pour savoir combien de chiots attendre à la mise-bas. Il est également recommandé de traiter la mère contre les parasites 15 jours avant la naissance des petits et 15 jours après.
Durant la gestation, les besoins en nourriture et en eau augmentent significativement chez la chienne. Au bout d’un moins, il est recommandé de lui donner des croquettes très énergétiques (celles pour chiots étant un bon exemple car également riches en calcium) puis de les laisser à volonté en fin de gestation et pendant la lactation. Si vous préférez les rations ménagères, un équilibrage attentif est nécessaire avec également une complémentation en calcium. Demandez conseil à votre vétérinaire.
Le moment tant attendu…
Dans les 12 à 24h précédant la mise-bas (un peu plus chez les primipares), plusieurs modifications comportementales et biologiques indiquent que la chienne se prépare à accueillir sa portée :
– La nidification : la mère en devenir aura envie de créer son petit nid douillet pour mettre au monde ses petits, en déplaçant coussins, jouets, peluches etc… Vous pouvez l’aider en la guidant vers un endroit calme et facile d’accès pour intervenir en cas de besoin.
– La température corporelle de la chienne chute également brutalement d’1 degré en moyenne.
– Un dosage de progestérone chez votre vétérinaire permet également de confirmer que la mise-bas est imminente, mais ce n’est pas obligatoire.
– Les premières contractions utérines apparaissent, accompagnées de pertes correspondant à la fonte du bouchon muqueux et à l’ouverture du col.
Puis le travail à proprement parler commence. Les contractions utérines, fortes et régulières, permettent l’expulsion des chiots. Il faut compter entre 15 et 45 minutes par chiot, avec parfois des pauses entre deux chiots de plusieurs heures. Ainsi une primipare peut mettre bas sur une période de presque 24h si sa portée est conséquente. A ce stade-là il n’y a pas grande chose que vous puissiez faire, si ce n’est la laisser tranquille en surveillant de loin et ne pas lui communiquer votre stress.
Les chiots naissent chacun dans leur placenta, qui se rompt lors de l’expulsion ou peut après. La mère, instinctivement, nettoie ses petits et mange les placentas. Ce comportement peut ragoûtant est tout à fait normal et doit être autorisé car il permet une imprégnation hormonale importante, laquelle aidera la chienne à développer ses instincts maternels. Lorsque la toilette est terminée, vous pouvez éventuellement frictionner les chiots dans une serviette douce en coton pour les sécher et les réchauffer, vider la bouche et les narines des éventuels liquides qui s’y trouve avec une poire à aspirer ou un mouche-bébé, puis présenter les chiots aux mamelles pour la première tétée. Une visite chez le vétérinaire est recommandée dès le lendemain pour vérifier la vacuité de l’utérus et la bonne santé de la mère et des petits (absence de malformation congénitale par exemple).
Les signes qui doivent alerter
Contactez votre vétérinaire en urgence dans les situations suivantes :
– Travail qui dure plus de 24h.
– Pertes hémorragiques, verdâtres ou noirâtres SANS expulsion de chiot.
– Contractions irrégulières ou infructueuses qui durent plus de 4h.
– Chiot engagé, bloqué plus d’1h.
– Chienne en état de choc ou en détresse respiratoire.
A savoir : A partir du moment où vous allez déplacer la chienne, en voiture de surcroit, pour aller chez votre vétérinaire, le stress et les manipulations risquent de mettre un terme aux efforts expulsifs. Une césarienne sera sans doute alors le seul recourt possible. Garder également à l’esprit que les chiots sont très fragiles et ne survivent pas toujours à la mise-bas, malgré tous nos efforts. La nature est ainsi faite. Quels que soient les moyens déployés, votre vétérinaire ne pourra jamais vous garantir 100% de réussite. En revanche, vous mettrez toutes les chances du côté de votre animal si vous faîtes réaliser un suivi de gestation complet.
Enfin rappelez-vous le seul mot d’ordre : anticipation !
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